La commande publique est un levier essentiel pour accélérer la transition vers l’économie circulaire. En structurant les marchés dès la phase de conception, les maîtres d’ouvrage peuvent ancrer le réemploi dans la stratégie du projet, au lieu de le traiter comme une option en fin de parcours.
L’objectif : faire du réemploi une exigence assumée, contractuelle et collaborative, plutôt qu’une simple intention.
Les visites réalisées par l’équipe d’AD VITAM MATERIAL sur différents projets, notamment sur le site ACEC à Herstal, illustrent pleinement cette dynamique. Dans le cadre du marché public pour la désignation d’une équipe d’auteurs de projet pour la réhabilitation d’une ancienne halle industrielle, le cahier des charges a été conçu pour intégrer le réemploi à chaque étape du processus.
La mission confiée à l’équipe d’auteurs de projet (AM Canevas-Greisch) a été élargie afin d’y inclure une mission d’études et d’assistance en circularité, venant compléter les missions classiques d’architecture et d’ingénierie.
Les critères de sélection exigeaient des références probantes en réhabilitation, circularité et BIM collaboratif, tandis que les critères d’attribution accordaient une place centrale à la qualité de la réflexion : des notes d’intention (circularité, gestion d’équipe, coordination et communication) valorisées à 60 % de la note finale permettait de récompenser les approches les plus ambitieuses.
« Le soumissionnaire joint une note décrivant comment il va accompagner le pouvoir adjudicateur, aux différentes étapes du projet, pour répondre à ses ambitions de circularité. […] Il détaille les outils et moyens qu’il compte utiliser, ainsi que les études qu’il mènera, pour rencontrer les ambitions de circularité. Il précise comment il monitorera les ambitions tout au long des différentes étapes. »
La mission d’assistance en circularité visait l’intégration d’objectifs concrets et mesurables : adaptabilité du bâti, potentiel de démantèlement, inventaire de réemploi, choix de matériaux biosourcés ou recyclés, gestion optimisée des déchets et documentation complète via des passeports matériaux.
Enfin, la mission BIM imposait un niveau collaboratif 2 minimum, associé à une modélisation détaillée garantissant le suivi et la traçabilité des matériaux tout au long des études, du chantier et de l’exploitation du bâtiment.
Focus sur le retour d’expérience d’un bureau d’architecture accompagné par AD VITAM MATERIAL
Le bureau Baumans-Deffet a été accompagné pour rédiger et intégrer des clauses spécifiques au réemploi dans le cahier des charges. Nous avons recueilli leur témoignage afin de vous le partager.
Pour comprendre la démarche du bureau, il faut tout d’abord souligner le caractère exceptionnel du lieu concerné par le marché : le Rockerill à Charleroi. Il s’agit d’un site industriel patrimonial emblématique, dont ils assurent la rénovation et la mise en conformité en association avec Opale Architectes.
Adèle Hogge, Architecte au sein du bureau Baumans-Deffet : « Notre volonté première est de préserver l’esprit et l’esthétique du site, tout en le rendant conforme aux normes actuelles. L’approche architecturale s’adapte donc au lieu, et non l’inverse. Cela nous a naturellement conduits à développer une approche circulaire du projet : valorisation de l’existant, interventions ponctuelles, conception démontable, adaptable et intégration du réemploi dès la phase de conception. Dans un lieu comme le Rockerill, le réemploi s’imposait presque de lui-même : il fait déjà partie de l’ADN du site ».
Étant donné que le projet implique le démontage d’une grande quantité de matériaux potentiellement réemployables, tels que des briques ou des tôles de toiture, l’ambition a été de réutiliser ces éléments comme matériaux de parement dans le cadre du projet et de veiller à ce que le reste soit orienté vers des filières de réemploi.
Mise en place des clauses de réemploi : quels défis à surmonter ?
« Le principal défi a été de formuler des clauses suffisamment précises pour cadrer les attentes en matière de réemploi, tout en laissant une marge de manœuvre aux entreprises. Nous avons donc privilégié une obligation de moyens plutôt qu’une obligation de résultats. De manière plus spécifique, le projet comprend notamment une nouvelle structure en poutrelles métalliques issues du réemploi. Comme il est difficile de prévoir à l’avance les matériaux qui seront disponibles sur le marché au moment des travaux, nous avons dû rédiger des clauses qui permettent une certaine souplesse dans le dimensionnement de la structure, selon les opportunités de réemploi » indique Adèle Hogge.
En quoi l’accompagnement d’AD VITAM MATERIAL a aidé à structurer et formaliser les clauses de réemploi
L’accompagnement proposé a permis la mise en contact avec Florence Poncelet de Buildwise, ce qui a grandement facilité la rédaction des clauses techniques. Grâce à cet échange, il a été possible de clarifier les attentes du Bureau vis-à-vis du réemploi, de valider la pertinence des sujets retenus pour le réemploi et de rassembler les informations nécessaires pour rédiger des clauses cohérentes.
Pour clôturer, nous leur avons posé une question : quels conseils donneraient-ils à d’autres équipes de conception ou maitres d’ouvrage souhaitant s’engager dans une démarche similaire ?
Adèle Hogge : « Le projet étant toujours en cours, nous manquons un peu de recul. Cela dit, un conseil serait de ne pas hésiter à entrer en contact avec les professionnels du secteur. Échanger avec des structures comme AD VITAM MATERIAL, ou d’autres spécialistes du réemploi, permet de mieux comprendre les enjeux, de se former, et, à terme, de s’impliquer dans la filière du réemploi ».
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De plus, lors du Retrofit Innovation Summit, un bloc entier sera consacré au réemploi, incluant une thématique spécifique sur les marchés publics. Ne manquez pas cet événement et inscrivez-vous dès maintenant : Home | Retrofit Innovation Summit.