ISOL’ution utilisons du réemploi

Fin juin 2025, la première phase du projet ISOL’ution s’est terminée. Cette initiative, financée par Bruxelles Environnement dans le cadre de RENOLAB.ID, a été portée par le service ATM de l’ULB, l’asbl La Rue (membre du Réseau Habitat à Molenbeek) et l’entreprise de construction sociale Casablanco. Ensemble, ces partenaires ont étudié la faisabilité du réemploi de matériaux isolants dans des chantiers pilotes à Bruxelles.

Chantier pilote avec laine minérale de réemploi pour isolation d’une façade

 

Pourquoi le projet ISOL’ution ?

De nombreux logements bruxellois sont peu ou pas isolés, et c’est surtout les ménages les plus financièrement vulnérables qui ont des difficultés pour réaliser des rénovations. Pour rendre ces logements plus durables, une quantité importante de matériaux isolants est nécessaire. Or, la production de nouveaux isolants nécessite beaucoup d’énergie et de ressources, tandis que, sur les chantiers de démolition, une grande partie des isolants encore en bon état est habituellement jetée. Cette première phase d’ISOL’ution a étudié la possibilité de réemployer ces matériaux, ainsi que étudier les défis techniques, logistiques et financiers.

 

Comment ce projet a-t-il été mené ?

Au total, dix chantiers pilotes ont été réalisés, où des parties du bâtiment ont été isolées avec divers types d’isolants réemployés. Toutes les étapes de la rénovation ont été suivies : de l’analyse des logements et la récupération d’isolants sur les chantiers de démolition, jusqu’au stockage des matériaux, aux tests de performance thermique et à la pose finale sur le chantier.

Différentes typologies ont été réalisées dans le cadre du projet

 

Pour mesurer la conductivité thermique des isolants réemployés, l’ULB a développé un instrument de mesure (TCRMDn: Thermal Conductivity Measurement Device new), basé sur les normes EN 12667 et EN 12664. Cet appareil permet de tester rapidement et avec précision les performances des isolants même lorsque les fiches techniques ne sont pas disponibles.

Appareils de mesure ancien TCRMDb et nouveau TCRMDn

 

Quels sont les constats principaux qui en ressortent ?

Les expériences des chantiers pilotes montrent que les isolants réemployés constituent, dans la majorité des cas, une alternative techniquement valable aux matériaux neufs, à condition qu’une sélection visuelle rigoureuse et un stockage adéquat soient effectués. Les tests confirment que les performances thermiques restent stables : la conductivité des matériaux réemployés est en moyenne seulement 3,6 % moins bonne que celle des produits isolants neufs.

Cependant, plusieurs défis persistent. Le marché des isolants réemployés est encore peu développé, avec seulement quelques fournisseurs en Belgique. Les matériaux minéraux sont relativement disponibles et abordables, tandis que les isolants naturels sont plus rares mais souvent en excellent état. Les isolants synthétiques sont plus difficiles à récupérer et souvent disponibles dans des formats atypiques.

De plus, le processus de réemploi exige une logistique précise pour la récupération, le transport, le stockage, la traçabilité et le reconditionnement des matériaux.

D’un point de vue financier, le réemploi peut être avantageux, mais des coûts supplémentaires, comme ceux liés à l’étanchéité à l’air, aux structures secondaires et aux finitions, ont souvent un impact important sur le budget global.

Stockage d’isolants de réemploi

 

Comment se conclut ce projet ?

Les expériences et recommandations issues des chantiers pilotes ont été rassemblées dans une série de fiches techniques (larueasbl.be/isol’ution). Deux vidéos sont également disponibles pour illustrer les méthodes et les résultats du projet :

Cette première phase permet de retenir que le réemploi des matériaux isolants est techniquement et pratiquement réalisable, mais que sa généralisation reste complexe. Des avancées sont nécessaires en matière de disponibilité des matériaux, de logistique, de stockage, de réglementation, de machines de mesure des performances et de sensibilisation au sein du secteur de la construction. Avec l’expérience acquise, les partenaires travaillent actuellement à de nouveaux projets afin d’approfondir cette approche.

 

Aout 2025