Pourquoi le secteur de la construction et surtout, pourquoi le secteur du réemploi ?
J’ai exercé dix ans en tant qu’Architecte, avec une préférence pour une architecture plutôt épurée et des matériaux apparents et bruts. Passionné par la relation entre le territoire, les matériaux, les habitants, leur culture, leur histoire et leurs édifices, je me suis toujours intéressé à l’architecture vernaculaire. J’ai eu l’opportunité d’étudier au Japon et de travailler aux Etats-Unis avant de rentrer à Paris, ce qui m’a permis de réfléchir à ces questions, et à cette recherche d’une architecture assez simple et économe, voire essentialiste cependant cette sensibilité s’est finalement matérialisée en une quête d’une architecture durable. Je me suis intéressé à la construction bois, à la terre crue, ou aux bâtiments passifs, mais j’étais assez frustré de voir que les projets exemplaires ne sont pas suffisamment généralisés.
En sachant que la population mondiale continue à se concentrer dans les villes, et que le Bâtiment et les Travaux Publiques sont d’énormes émetteurs de déchets (70% en France) alors que les ressources naturelles sont limitées, j’ai rejoint une formation en économie circulaire en 2021. Je me suis demandé si l’architecture de demain ne devrait pas être à nouveau vernaculaire en utilisant les matériaux locaux et réemployant les matériaux de déconstruction de la ville elle-même, afin de les réparer et les réagencer pour s’adapter aux besoins d’une ville durable ? J’ai eu la chance de rencontrer Fahed, Creative Technologist et Développeur, sur cette formation, et ensemble nous avons décidé d’apporter des solutions numériques pour démocratiser le réemploi et rendre le Bâtiment plus durable.
Qu’est-ce qui te passionne dans ton travail ? L’économie circulaire est systémique et a des impacts écologiques et sociaux forts : baisse des émissions de carbone, préservation des ressources, mais également création d’emplois locaux et non délocalisables, avec une part d’emploi en insertion. C’est un enjeu passionnant mais pas si démocratisé que ça (d’ailleurs nous ne sommes qu’à 1% de réemploi des déchets du BTP en France), et cela permet de rencontrer des personnes et des partenaires pionniers et passionnants. Ce sont ces rencontres que j’apprécie le plus dans mon travail. Ecouter les différents acteurs, leurs besoins, et voir comme une solution complète et collaborative permet à tous d’aller ensemble vers une gestion de projet circulaire. Pourquoi as-tu choisi cet objet ? C’est pour cela que j’ai choisi ce livre : Les 101 mots de l’économie circulaire dans l’immobilier et le bâtiment (sous la direction de Karine Trebaticky), qui rassemble 101 professionnels qui œuvrent avec détermination à accélérer l’économie circulaire et qui ont collaboré à ce superbe ouvrage, comme ils collaborent à faire émerger le réemploi dans leurs projets. C’est aussi une grande satisfaction pour moi d’avoir eu l’opportunité d’y contribuer, et d’avoir la chance, avec Skop de faire partie de cette communauté d’acteurs engagés qui avancent ensemble.
Interview menée par Delhie Morbée