Interview Raediviva : le réseau du réemploi en région PACA (France)

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Nous avons rencontré Marie Turpin de Raediviva, le réseau du réemploi en région sud – Provence-Alpes-Côtes d’Azur (France).

L’état actuel en France pour le réemploi

Le marché du réemploi en France est développé à différents niveaux selon les régions. Même s’il y a une politique nationale (via la loi AGEC de 2020 notamment), les enjeux diffèrent en fonction des régions. L’Ile-de-France est par exemple une région très dynamique concernant le marché du réemploi où il y a des acteurs sensibilisés et des filières avancées. Dans la région du Sud, la dynamique est croissante avec des acteurs engagés. Cependant, il y a tout de même un manque de certaines typologies d’acteur.ices pour que la chaine soit complète, comme par exemple des plateformes de réemploi de PEM (produit équipement matériaux) et des filières de reconditionnement. Selon Raediviva, la demande ne fait que croitre dans la région du Sud mais il y a encore un besoin d’acculturation des acteurs et actrices du secteur pour que le réemploi ne soit plus une expérimentation, une pratique à la marge dans les opérations.

La réglementation est par ailleurs de plus en plus incitative, sans qu’elle ne soit réellement contraignante. Par exemple, il est désormais (depuis 2023) obligatoire d’effectuer un diagnostic PEMD (Produits Equipements Materiaux Déchets) avant démolition d’un bâtiment de plus de 1000 m² ou de réhabilitation significative, mais il n’y pas d’obligation de réemployer les PEM qui auront été identifiés comme ayant un potentiel de réemploi.

Les éco-organismes, depuis l’entrée en vigueur de la REP PMCB en 2023, se voient quant à eux déléguer par les metteurs sur le marché la responsabilité de la fin de vie des produits et matériaux du bâtiment, avec des objectifs à atteindre notamment en matière de réemploi (5% à horizon 2028).

Autre exemple avec les normes qui incitent indirectement au réemploi, notamment la RE2020 (normes environnementales dans la construction neuve). Cette règlementation fixe des seuils de plus en plus contraignants d’émission de GES. Le réemploi est alors un réel levier de décarbonation puisqu’il est considéré comme neutre en carbone.

Enfin, en parallèle de l’aspect purement réglementaire, il y a toutes les politiques « soft », avec par exemple le soutien des institutions publiques aux structures comme Raediviva qui oeuvrent à la promotion et au développement de la filière.

 Comment et pourquoi est né Raediviva ?

L’association a été créée en 2016 par 3 architectes, elle s’appelait Raedificare. En 2021, Raedificare est devenu une entreprise à part entière pour développer une activité de conseil ainsi qu’une plateforme numérique en flux tendu de chantiers de déconstruction vers d’autres chantiers voulant intégrer du réemploi. En d’autres mots, un catalogue en ligne où l’on peut réserver des matériaux.

En parallèle, l’association a changé de nom pour devenir Raediviva et s’est redirigé vers des missions d’intérêt général. En 2022, l’association est lauréate d’un appel à projet du nom de filidéchet (filière-déchet) et démarre ses nouvelles activités. L’association est soutenue par des institutions publiques comme l’ADEME et la Région Sud, mais aussi par Valobat (éco-organisme), les membres et partenaires non-adhérents.

Les missions principales de Raediviva sont de faire la promotion du réemploi dans le secteur du BTP en Région Sud et de structurer la filière sur ce même périmètre. Pour cela, elle organise ses actions autour de 4 axes principaux :

  1. Mise en réseau des acteurs et animation de ce réseau (e.g. organisation de petits-déjeuners du réemploi, de conférences, de colloques, de groupes de travail, etc.)
  2. Sensibilisation et formation (ateliers de sensibilisation, modules de formation, webinaires, etc.)
  3. Promotion et communication (interventions, plaidoyers, visites, etc.)
  4. Accompagnement et expérimentation (accompagnement en amont des opérations de donneurs d’ordres ou groupe d’acteurs, e.g. préconisation de modèles adaptés au territoire, des accompagnements des bailleurs sociaux, etc.)

 

©Raediviva

 

Comment fonctionne Raediviva ?

Les adhérents sont majoritairement des professionnels du BTP, personnes, physiques ou morales, majoritairement présents en Région Sud. Le réseau est composé d’une grande diversité d’acteurs représentatifs de l‘écosystème : architectes, entreprises du BTP, éco-organismes, établissements publics, bailleurs sociaux, plateformes, bureaux d’études, etc.

Le tarif d’adhésion varie en fonction du statut (personne morale ou physique) et de la taille de la structure. Lorsqu’une personne ou une entreprise s’affilie, elle rentre dans un réseau d’adhérents engagés où elle peut tisser de nouveaux liens de collaborations, et avoir du soutien dans ses propres projets. En échange, elle soutient à son tour l’association et contribue à l’évolution du réemploi dans la région. Être membre c’est également être actif dans cette diffusion du réemploi, travailler ensemble, co-construire des méthodes, mais aussi monter en compétences via des formations et des sensibilisations offertes …

Les membres participent également à la réalisation et la co-construction des livrables comme des fiches retours d’expériences sur des projets de réemploi, un schéma des responsabilités assurantielles, un pacte réemploi pour les maitrises d’ouvrage du territoire, et bien d’autres livrables encore !

Marie Turpin ajoutera enfin que « Les adhérents montrent une réelle volonté d’agir pour le réemploi au travers leur métier. Ce sont des personnes passionnées et engagées qui représentent toute la chaine de valeur. Ils veulent avoir un impact positif dans leur secteur, et travailler ensemble pour initier des démarches pour toute la région du sud. »

 

 

©Raediviva

 

Pour toute information supplémentaire sur le réseau Raediviva, veuillez consulter leur site web : https://www.raediviva.fr/

 

Interview menée par Delhie Morbée

Décembre 2024